Texte de Diplôme (DNA)
Dans la culture occidentale, lorsque l’on évoque l’idée ou le concept de violence, les premières images qui viennent à l’esprit sont le rouge, le sang, les armes, les poings, les insultes et la colère. Ainsi, quelles images issues des arts viennent nourrir ce répertoire ? Viendrait alors le Cri de Munch,, le Caravage, la drill, Tarantino ou encore Maus.

Au-delà de ces images archétypales, comment les arts et le design peuvent-ils réinterroger et repenser ce concept, pour rendre compte de tout ce qui n’a pas encore été dit ou de ce qu’il faudrait rediscuter ?
Il faut réfléchir à des méthodes plastiques qui donneraient forme à une ou plusieurs violence.s dans un travail artistique (Ex: matérialisation de la violence à travers le travail du son et du silence, jeu de contraste). 

À l’aide de plusieurs références artistiques, sociologiques et historiques, je cherche à réinterroger l’omniprésence du régime de violence dans notre société, en observant plus en détails la pluralité de ses manifestations. La violence peut être psychologique, physique et verbale, envers autrui ou envers soi-même. Elle est de nature individuelle ou collective, sociale ou politique, parfois pathologique. Elle peut émaner des États ou de toute autre forme d’institutions ou d’organisations. 

La violence ne s’arrête pas à une violence physique ou verbale envers quelqu’un, elle peut aussi prendre forme à travers la psychologie comme la manipulation ou le harcèlement. Mais le terme de violence peut aller au-delà de cette idée d’« agression » envers une personne ou un groupe précis. La violence s'immisce aussi en creux des bousculements de la vie personnelle, comme la quête d’identité, la disparition d’une figure d’attachement, ou le développement de troubles mentaux et/ou émotionnels. 

En s’écartant de l’individu pour une échelle plus large, une violence qui se manifeste pour défendre une cause ou une idéologie dite légitime (manifestations, sabotages, propagande…) est appelée violence politique, qui se différencie de la violence de l’Etat et du monopole de la violence légitime définit par le sociologue Max Weber.

En tant qu’artiste et designer, je m’intéresse au rôle de médiateur, qui partage, met en lumière les faits d’une situation avec une neutralité bienveillante et incite à la réflexion. L’idée de ce rôle n’est pas de pointer du doigt, d’accuser, ou de provoquer une colère envers une idée, un groupe où un individu. Elle est plutôt de mettre en avant la remise en question et l’acceptation du doute face à la méconnaissance de certaines informations. Le partage de données est essentiel dans le processus d’évolution d’une idée ou d’une opinion. En effet, la prise en compte de toute information, véridique ou erronée soit-elle, tend à modifier, altérer ou faire varier une opinion envers quelque chose ou quelqu’un. Ainsi, en partageant à ma manière une vision des faits jusqu’ici objectivement avérés, mon objectif serait de donner des outils permettant de se construire une réflexion propre à propos d’une idée, d’une situation ou encore d’un point de vue.

On peut retrouver cette mission de messager à travers le travail de certains artistes, comme Odieux Boby, photo-reporter qui présente la réalité des manifestations sous plusieurs angles, avec un style bien reconnaissable, capturant les citoyens tout comme les forces de l’ordre en alliant jeu de contraste et touche d’humour.  
Dans un autre contexte, le travail de John Akomfrah, « Vertigo Sea », fait également appel à ce rôle. À travers une succession d’images maritimes projetées sur trois écrans simultanés, cet artiste montre à la fois aux spectateurs une richesse océanique à préserver, mais aussi un désastre maritime provoqué par la guerre, la pollution et la surpêche.

Ce qui m’intéresse particulièrement dans ces travaux et dans cette notion d’informer, c’est le recul avec lequel ces images sont prises, choisies, éditées et exposées. C’est aussi cette notion de partage, qui incite à l’échange. Donner une information, en acceptant d’apprendre quelque chose en retour, nous permet ainsi d’enrichir notre domaine de connaissances et de réflexion. C’est aussi accepter le fait que l’on ne sait pas tout, même à propos des domaines que l’on pense connaître et que l’on n’a jamais fini d’apprendre. 
Ainsi, être capable de poser sur table un sujet à travers un projet artistique en ayant en main le plus d’éléments possible, et essayer de l’aborder avec neutralité et bienveillance, malgré une subjectivité qui sera toujours présente est pour moi un défi que je tenterai de relever pour ce diplôme.
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